Interview intégrale EVA&ADELE français

EVA&ADELE Vernissage au Musée de l'Art Moderne de Paris

EVA&ADELE Vernissage au Musée de l’Art Moderne de Paris

Simone: EVA&ADELE est la plus longue performance du monde, cela fait maintenant 25 ans qu’elle dure. Mais est-ce qu’il y a un moment où cette performance s’arrête?

Adele: Non, jamais. C’est un tout. Il y a bien entendu la partie invisible de la performance, quand nous nous préparons pour apparaître comme EVA&ADELE .  

Eva: La performance ne s’arrête jamais. La vie et l’art forment une unité, et ce temps de préparation pour devenir EVA&ADELE fait aussi partie de la performance. Tout comme notre temps de réflexion pour de nouveaux costumes. Nous avons d’ailleurs constaté que nos idées parfois assez fantasques ont toujours souvent été copiées par la Haute Couture.

Adele: Dans notre exposition au Musée d’Art Moderne, nous avons 10 plans de costumes qui représentent une chorégraphie complète de ce que nous portons à quelle occasion. Tout est prévu et bien noté d’avance.

Simone: Mais comme nous tous, vous êtes aussi obligé de faire des choses que chaque humain doit faire, des choses très banales.

Eva: J’aimerais citer d’autres artistes: un artiste n’est pas un être humain, il est artiste. Il serait impossible de réaliser cette oeuvre performative sans être artistes à 100%. C’est avec une joie immense, avec un total dévouement, avec tout notre amour, de tout coeur que nous sommes EVA & ADELE. Nous faisons tout ce que fait n’importe quel être humain, mais nous en faisons une oeuvre d’art. Quand c’est nécessaire, nous nous présentons également dans des administrations. Et pour le dentiste, nous avons développé une technique spéciale de maquillage qui fait que la peinture sur notre visage résiste à la procédure. Quand le dentiste fait son travail, et ne serait-ce que de la prophylaxie, nous en sortons exactement pareilles.

Simone: Et est ce que vous avez toujours un quotidien „normal“? Comme par exemple sortir pour faire les courses?

Adele: C’est souvent un assistant qui nous apporte les courses. Notre vie est organisé pour que nous ayons beaucoup de temps pour le silence. Elle très importante pour notre oeuvre. Nous aimons le silence, la solitude, le temps de réflexion dans l’atelier.

EVA&ADELE Polaroidtagebuch 1991 - 2005, Detail

EVA&ADELE Polaroidtagebuch 1991 – 2005, Detail

Simone: Quand les gens vous voient, comment réagissent-ils?

Eva: C’est très important pour nous de ne pas être perçu immédiatement comme une oeuvre d’art. Quand on souhaite faire évoluer les choses, il vaut mieux avancer un peu masqué, parce que l’impact sur les autres est plus important. C’est une authentique partie de notre vie que nous donnons à voir comme performance. Trop d’informations sur nous et notre art avant même de nous voir, je pense que cela pourrait avoir un effet négatif sur certaines personnes, les décourager. Le mieux c’est qu’ils nous comprennent telles qu’ils nous voient.

Adele: Le directeur du Musée d’Art Moderne de Paris a écrit dans notre catalogue : „EVA & ADELE est l’une des plus belles, des plus profondes performances jamais réalisées par des artistes“. Pour nous, c’est l’un des plus beaux compliments, une vraie fleur qu’il nous ait fait.
Eva: Ce n’est pas évident pour nous de répondre à toutes ces questions qui tournent autour de la réalité. Tout ça est aussi très contradictoire. En tant qu’artistes, nous cherchons à créer le jamais vu, le surprenant, le terrifiant, le réjouissant, tout ce que l’art peut être. Mais d’un autre côté, il y a ces questions que les gens dans la rue nous posent. L’important pour nous est de ne jamais oublier que nous créons une oeuvre d’art.

Simone: Les artistes poursuivent souvent un but précis avec leur oeuvre. Comment souhaitez vous influencer le monde, le changer?

Eva: Nous l’avons déjà changé. Nous en avons fait nous-mêmes l’expérience: les premières années, les réactions des spectateurs ont été assez violentes, même à Berlin. C’était pour nous assez choquant, parce que nous avions espéré qu’il y aurait plus de tolérance, notamment à Berlin. Depuis, l’ambiance a changé, et la couverture médiatique y est pour beaucoup. La tolérance a grandi, non seulement à Berlin, mais partout.

Simone: Une notion qui revient souvent en lien avec votre oeuvre, c’est “FUTURING”. Qu’est-ce que ça veut dire?

Eva: FUTURING est FUTURING est FUTURING. Je pense que lorsqu’on se met à réfléchir, on peut comprendre ce que ça veut dire. L’on pourrait le traduire par „Faire quelque chose d’ultérieur. » Avec cette performance à vie qui transporte l’image d’EVA & ADELE partout dans le monde nous faisons quelque chose d’ultérieur qui vise à donner plus d’espace à la question de l’identité des sexes.

Adele: Je dirais que tout artiste souhaite et croit pouvoir changer quelque chose avec son oeuvre. Nous ne suivons aucun plan. Mais peut-être ce sont les gens eux-mêmes qui changent lorsqu’ils réfléchissent à l’identité, à la liberté, à la beauté, la sensualité et aussi à la gravité des choses. Je pense que notre oeuvre est traversée par une profonde gravité, et cette gravité est présentée avec un sourire. Notre sourire est une oeuvre d’art également.

Eva: Je pense que nous avons pu changer beaucoup de choses depuis que nous avons atterri à Berlin en 1989 en arrivant du futur. Nous pouvons le constater quasiment tous les jours.

EVA&ADELE exposition au Musée d'Art Moderne de Paris

EVA&ADELE exposition au Musée d’Art Moderne de Paris

Simone: Votre oeuvre, cette confrontation aux gens dans la rue, demande beaucoup de courage.  

Adele: Le courage, c’est un mot très important. Nous avons des rencontres vraiment magnifiques dans notre quotidien. Un jour, nous étions assises dans le S-Bahn en direction Wannsee, et une jeune fille vient nous voir pour nous demander „ Vous êtes toujours comme ça?“ „Oui“. Puis elle a dit tout haut dans le S-Bahn „Alors, ça demande un sacré courage!“ Ce mot dit tout haut à la fin de la journée était une oeuvre d’art. Elle a participé à la création de l’oeuvre. C’est un moment de «  WHERE EVER WE ARE IS MUSEUM  ».

Simone: Et comment est-ce qu’on peut arriver à avoir autant de courage?

Eva: C’est un long chemin. Le courage n’est pas là au le début, il grandit avec le temps. Et ça évolue aussi, il n’y a pas de recette toute faite. Ca dépend des personnes en face, des cultures.

Simone: Vous n’avez pas parfois envie de sortir sans être EVA & ADELE, d’être incognito pour aller au cinéma, à la piscine?

Eva: C’est quelque chose que nous ne connaissons pas du tout. Ca ressemblerait plutôt à un cauchemar pour nous d’imaginer de sortir sans l’art que nous portons sur nos corps, sans la peinture dans nos visage, tel une toile sans peinture. Je pense vraiment que ça serait un cauchemar pour nous.

Adele: C’est comme si on allait enlever les tableaux des murs d’un musée. Nous n’avons vraiment pas ce genre de besoins, parce que nous ne sommes pas des simples êtres humains: nous sommes artistes. Nous sommes artistes à 100% et nous croyons en notre oeuvre. Nous avons assemblé en nous la force pour la vivre, pour la mettre en scène, à l’envers et contre tous. Quand nous avons commencé, la plupart des gens ne nous ont pas pris au sérieux. Mais nous avons tenu bon en nous disant „ Nous y croyons, nous le savons déjà que la voie est la bonne et nous avançons“. Ca, c’est une énergie incroyable, qui est née de notre envie de persévérer avec notre oeuvre malgré les médisances.

Eva: C’est un très grand objectif. Pour l’atteindre, il faut faire des sacrifices. Si tu me demandes aujourd’hui si j’ai envie de participer à la vie quotidienne, d’aller à la piscine, ou de faire quelque chose incognito … Tu sais, nous avons mis de côté toutes ces envies au début de notre oeuvre, quand nous avons décidé de devenir EVA & ADELE. Nous étions deux jeunes artistes, au début de leur carrière. Chacun de nous était de par son éducation et dans son oeuvre un artiste individuel. Pour nous, il a été inimaginable de créer une oeuvre à deux, parce qu’on se sentait bien dans notre oeuvre individuelle. Mais nous avons intégré cette nouvelle situation lors du tournage de l’oeuvre HELLAS. Dans la vidéo, l’on peut y voir l’endroit où nous avons pris cette décision. C’est au pied d’une pente en galets que cette décision larmoyante de devenir EVA & ADELE a été prise, et chaque larme est authentique. Dans cette oeuvre vidéo on comprend que cela n’a pas été une décision facile. J’ai demandé une année de réflexion. Ca a été une décision radicale. Et durant cette année de réflexion, chacun a pu se demander ce que cela impliquait pour lui.
Au même moment, un autre coupe de performeurs très célèbres s’est séparé: Ulay et Abrahmovic. Nous avons compris qu’il ne fallait pas que nous en arrivions là, que nous devions être totalement conscients de ce que nous souhaitions faire. Et nous avons décider de faire de l’art. Pour nous, cette séparation a été une vraie prise de conscience qui nous a permis de mesurer la dimension de notre décision. Alors, nous avons décidé avec de tout coeur de renoncer à tout ça, à toutes ces choses qui constituent la liberté du citoyen lambda. Et si je puis donner un conseil à des artistes, c’est celui là qui est le plus précieux: il faut faire de grands sacrifices.

EVA&ADELE extrait de "HELLAS"

EVA&ADELE extrait de « HELLAS »

Adele: Ce qui nous a poussées à devenir EVA & ADELE, c’est que que nous étions, que nous sommes toujours passionnément amoureuses. Et nous voulions à tout prix rester ensemble. L’obstacle c’étaient nos personnalités très extrêmes. Chacune de nous sait très clairement ce qu’elle veut, et nous restons jusqu’à aujourd’hui très combatives. Je me suis dit que pour deux personnes avec des personnalités aussi extrêmes, qui ne seraient normalement même pas capables de vivre ou de travailler ensemble, la seule issue c’est de créer une oeuvre commune pour protéger notre amour. La vision de la question du genre nous a également réunis, il était évident que nous étions au-dessus des limites du genre, que nous nous sentons, que nous sommes hermaphrodites. Nous voulions rendre publique en tant qu’artistes ce que nous avions vécu de manière intime, et ce qui fut pour nous un point de départ pour une oeuvre évidemment abstraite. C’est pour cela que nous avons créé l’oeuvre d’art EVA & ADELE en1991, il y a 25 ans.

Simone: Mais où est le « moi » dans tout ça? Qui est « moi »?

Adele: Nous travaillons pour EVA & ADELE
Eva: Nous soutenons EVA & ADELE
Adele: J’aimerais ajouter: notre oeuvre nous demande autant d’énergie, autant de force, que nos fortes personnalités ont encore grandi. A l’intérieur d’EVA & ADELE nous ressentons un maximum de liberté dans notre relation amoureuse et dans notre processus de création. Je crois qu’il serait impossible pour nous d’être EVA & ADELE sans y mettre le maximum d’énergie. Ca veut dire que nous acceptons d’abandonner la liberté individuelle, certes – mais en réalité, ce n’est pas vrai. La liberté devient plus forte, plus profonde.

Simone: Mais comment ça fonctionne? On efface le « Moi » tout simplement?

Adele: C’est très simple. Plus notre collaboration s’est intensifiée, plus nos personnalités se sont développées. Je pense que le « Moi » est devenu plus fort, mais il n’existe plus. Ce qui existe, c’est le « Nous ». C’est très important d’avoir sa propre opinion, la personnalité de chacune est vraiment là. Mais nous pensons toujours en « Nous ». Comme le dirait Eva « J’ai toujours l’impression qu’Adele est assise sur mon épaule ». Et je me demande toujours « Que dirait Eva maintenant? » Nous prenons des décisions qui incluent toujours l’autre.

Simone: C’est quoi, le bonheur?

Adele: Le bonheur, c’est quelque chose de merveilleux. Il faut avoir de la chance, le bonheur, c’est un cadeau. Et peut-être il y a aussi un chemin vers le bonheur.
Eva: Je pense la même chose. Chacun est responsables pour son bonheur. Il faut être très vigilant, car le bonheur est un invité qui aime venir, mais qui peut aussi partir très vite si l’on n’y prend pas garde. Dans notre art, quand nous terminons une oeuvre que nous considérons réussie, nous avons une sensation de bonheur.  
Adele: Je pense que le bonheur, c’est aussi de se réveiller le matin, et de trouver quelqu’un à côté, de lui sourire, et que ce sourire est rendu.

EVA&ADELE Musée d'Art Moderne de Paris

EVA&ADELE Musée d’Art Moderne de Paris

Interview EVA&ADELE Deutsch

EVA&ADELE Vernissage au Musée de l'Art Moderne de Paris

EVA&ADELE Vernissage au Musée de l’Art Moderne de Paris

Simone: EVA & ADELE ist die längste Performance der Welt. Gibt es da überhaupt einen Moment, wo die Performance aufhört?

Adele: Überhaupt nicht, das ist ja ein Ganzes, es gibt den unsichtbaren Teil der Performance, die Zeit, die wir im Hotel brauchen, bis wir als EVA & ADELE erscheinen in der Öffentlichkeit.

Eva: Die Performance hört nicht aus, Leben und Kunst ist eine Einheit, selbst der unsichtbare Teil der Performance, wenn wir die Erscheinung EVA & ADELE herstellen, ist Performance. Auch das Nachdenken über Neuanschaffungen, wobei wir, feststellen konnten, fast von Anfang an, dass unsere manchmal noch sehr komischen Einfälle von der Haute Couture aufgegriffen wurden.

Adele: Es gibt 10 Kostümpläne hier in der Ausstellung, eine komplette Choreografie dessen, was wir anziehen, es ist alles vorher aufgeschrieben, und aufgezeichnet.

Eva: Und ich zitiere mehrere Künstler, ein Künstler ist kein Mensch, er ist ein Künstler. Wir könnten das Performative Werk nicht machen, wenn wir nicht Künstler wären. Es ist eine grosse Freude, eine grosse Hingabe, mit all unserer Liebe, unserer Sorgfalt, unserem Herz praktizieren wir EVA & ADELE. Es ist so, dass wir all diese menschlichen Dinge als Künstler und als Kunstwerk tun. Wir gehen auch in ein Amt, wenn wir das tun müssen. Wobei wir für den Zahnarzt speziell eine Technik entwickelt haben damit die Gesichtsmalerei der Prozedur standhält. Wenn der Zahnarzt da zu Gang ist, und sei es nur Prophylaxe, sehen wir am Ende auch so aus.

Simone: Und geht ihr denn da dann auch noch raus, etwas ganz alltägliches tun, so was wie einkaufen?

Adele: Manchmal bringt ein Assistent die Lebensmittel, es ist auch organisiert, dass wir möglichst viel Zeit für Stille haben. Das ist in unserem Werk auch sehr wichtig. Wir lieben die Stille, die Einsamkeit und Reflexion im Atelier.

EVA&ADELE Polaroidtagebuch 1991 - 2005, Detail

EVA&ADELE Polaroidtagebuch 1991 – 2005, Detail

Simone: Und wie reagieren die Leute auf der Strasse auf Euch?

Eva: Es ist gerade wichtig, dass es niemand sogleich es als Kunstwerk erkennt. Um etwas zu verändern müssen wir in camouflage sein, weil es die Menschen mehr trifft. Es ist ein echter Teil unseres Lebens ist, den wir als Performance vorführen. Aber auf der anderen Seite würden viele zurückschrecken, wenn sie erklärende Informationen hätten.

Adele: Der Direktor des Musée d’Art Moderne de Paris hat geschrieben, EVA & ADELE sind eine der schönsten und tiefgründigsten Performances die Künstler jemals realisiert haben. Und das war natürlich ein ganz grosser Blumenstrauß von seiner Seite.

Eva: Für uns ist es ja auch so, alle diese Fragen, die immer so um die Realität kreisen, das ist ein Moment, der in sich auch den grossen Widerspruch trägt. Weil als Künstler wollen wir das Schöpferische, das noch nie Dagewesene, das Erschreckende, das Erfreuende, alles, was Kunst sein kann. Auf der anderen Seite, gibt es von den Menschen auf der Straße diese Fragen, die man an uns richtet. Wir dürfen nie vergessen, dass wir als Künstler ein Kunstwerk schaffen.

Simone: Der Künstler will ja auch meistens mit seiner Kunst etwas bewirken. Wie wollt Ihr auf die Welt einwirken, sie verändern?

Eva: Wir haben sie schon verändert. Das ist uns aufgefallen an unserem eigenen Leib. Weil wir in den ersten Jahren sehr angefeindet wurden. auch mitten in Berlin, wo wir manchmal richtig entsetzt waren, weil wir mit mehr Toleranz gerechnet haben. Und in der Zwischenzeit hat sich die Stimmung verändert, auch durch die Mitarbeit der Medien. Es hat sich eine Toleranz entwickelt, nicht nur in Berlin, sondern überall.

Simone: Ein Begriff, den man immer wieder im Zusammenhang mit Eurer Kunst hört, ist “FUTURING”, was genau bedeutet das?

Eva: FUTURING ist FUTURING ist FUTURING. Ich glaube, wenn der Denkapparat loslegt, wird man auf etwas draufkommen. Man könnte es übersetzen mit etwas zukünftiges tun. Und dass wir mit unserer lebenslangen Performance, die das Bild EVA & ADELE überall verbreitet wir natürlich etwas zukünftiges tun für die Ausbreitung des Raumes der Geschlechteridentität.

Adele: Ich würde mal so sagen, Künstler hoffen und glauben mit ihrem Werk etwas zu verändern. Wir haben kein Programm. Verändern tun sich möglicherweise die Menschen,wenn sie nachdenken über Identität, Freiheit, Schönheit, Sinnlichkeit, auch Ernsthaftigkeit. Ich glaube, unser Werk hat eine tiefe Ernsthaftigkeit, die wir mit dem Lächeln vortragen und unser Lächeln ist ein Werk.

Eva: Ich glaube, wir haben schon in den Jahren seit wir aus der Zukunft kommen und 1989 in Berlin gelandet sind, einiges verändert, und können das immer wieder überprüfen.

EVA&ADELE exposition au Musée d'Art Moderne de Paris

EVA&ADELE exposition au Musée d’Art Moderne de Paris

Simone: Eure Kunst, und die Konfrontation mit den Menschen braucht doch auch sehr viel Mut.

Adele: Mut ist ein wirklich wichtiges Wort; Und natürlich haben wir auch grossartige Begegnungen in der Alltagswelt. Wir sitzen in der S-Bahn Richtung Wannsee, kommt da ein Mädchen an, schaut uns an, und sagt «  Seid Ihr immer so?  » «  Ja  !». Und dann sagt sie in der S-Bahn, “Das braucht aber viel Mut!”. Und dieses Wort, am Feierabend so laut ausgesprochen, ist ein Kunstwerk. Sie hat dazu beigetragen. Das ist auch ein Moment von «  WHERE EVER WE ARE IS MUSEUM  ».

Simone: Und wie macht man das, dass man diesen Mut aufbringt?

Eva: Es ist ein weiter Weg. Dieser Mut ist nicht sofort da, er wächst. Es ist immer wieder anders, es gibt kein Rezept dafür. Es kommt auf die Menschen an, auch auf die unterschiedlichen Kulturen.

Simone: Habt Ihr nicht manchmal einfach Lust, nicht als EVA & ADELE rauszugehen, incognito zu sein? Ins Kino, ins Schwimmbad zu gehen?

Eva: Das kennen wir gar nicht, ich glaube, es ist eher ein Albtraum, wenn wir ganz ohne unsere Kunst, die wir am Leibe tragen, inklusive der Malerei in unserem Gesicht, wenn wir als umgrundiertes Bild hinausgehen würden. Ich glaube, das käme einem Albtraum gleich.

Adele: Das ist wie wenn man eine Museumswand abräumt, und  das Bedürfnis haben wir nicht.  Wir sind nicht Mensch, wir sind Künstler. Dadurch dass wir so Vollblutkünstler sind, und wir an unser Werk glauben, und die Kraft aufgebaut haben, es zu leben, zu inszenieren, auch gegen allen Unkens. Die meisten Menschen haben uns überhaupt nicht ernst genommen. Und dann dennoch zu sagen, “Wir glauben daran, wir wissen es schon. Wir gehen weiter” Das ist eine unglaublich grosse Energie, dir durch den Wunsch, das Werk durchzusetzen, gegen alle, entsteht…

Eva: Das ist ein großes Ziel. Dafür muss man auch Opfer bringen. Wenn Du mich heute fragst, wie unser Bedürfnis, am Alltag teilzunehmen, ins Schwimmbad zu gehen, oder irgendwas unerkannt zu tun …. Dann ist es so, dass wir diese Wünsche schon ganz am Anfang unseres Werkes ad acta gelegt haben. Mit dem Entschluss EVA & ADELE zu werden. Wir waren beide Künstler am Beginn, und von unseren Werken und unserer künstlerischen Erziehung her Einzelkünstler. Wir konnten es uns gar nicht vorstellen, als Künstlerpaar zu zweit ein Werk zu schaffen. Wir haben uns in unserem Einzelwerk wohlgefühlt. Wir haben diese völlig neue Situation angenommen, und zwar während der Dreharbeiten zu dem Werk HELLAS. Man sieht auch den Platz, an dem wir dem wir die Entscheidung getroffen haben. Am Fusse dieser Geröllhalde haben wir in einer tränenreichen Drehsituation wo jede Träne echt ist, haben wir beschlossen, EVA & ADELE zu werden. In dieser Arbeit kann man es vielleicht nachvollziehen, dass es keine leichte Entscheidung war; Ich hab mir Ein Jahr Bedenkzeit auserbeten. Es war eine sehr radikale Entscheidung. In diesem Jahr haben wir beide darüber nachgedacht, was es bedeutet.

Zu dieser Zeit hat sich ein anderes berühmtes Performance-Paar gerade getrennt, und zwar Ulay-Abrahmovic.Damals haben wir gesagt, das darf bei uns nicht soweit kommen. Wir müssen wissen, auf was wir uns einlassen,und wir haben uns auf die Kunst eingelassen. Für uns war das der ganz entscheidende Schritt, gerade nach der Trennung dieser anderen Performance Künstler haben wir die Tragweite der Entscheidung erkannt, und dann wirklich entschieden, und damit auf all diese Dinge, persönliche Freiheit des Normalbürgers verzichtet. Und ich kann nur jedem Künstler raten, so grosse Opfer zu bringen.

EVA&ADELE extrait de "HELLAS"

EVA&ADELE extrait de « HELLAS »

Adele: Für uns war schon entscheidend, bei dem Beschluss EVA & ADELE zu werden, daß wir waren und immer noch immer wahnsinnig verliebt sind, natürlich wollten wir weiterhin zusammenbleiben. Das Hindernis war, dass wir beide extreme Persönlichkeiten sind, beide sehr klare Vorstellungen haben, und beide sehr streitbar sind,bis heute. Ich dachte, bei zwei solchen Menschen, die normalerweise absolut nicht zusammen leben oder arbeiten können, hilft nur eins, ein gemeinsames Werk zu schaffen, wenn wir unsere Liebe erhalten wollen. Gleichzeitig war natürlich unser beider Denken über Geschlecht, für uns war klar, dass wir über die Grenzen der Geschlechter und fühlen und auch sind, dass wir Hermaphrodit sind, und denken. Und das, was man erstmal privat und persönlich erfährt, und denkt ist der Ausgangspunkt,dies als Künstler zu veröffentlichen, natürlich in Abstraktion.Wir beide haben dann entschieden, die Kunstfigur EVA & ADELE, 1991, vor 25 Jahren, zu schaffen.

Simone: Und wie macht man das mit dem Ich? Wer ist eigentlich Ich?

Adele: Wir arbeiten für EVA & ADELE
Eva: Wir stehen hinter EVA & ADELE
Adele: Ich möchte aber sagen, dadurch, dass unser Werk so viel Energie und Kraft braucht, sind unsere beiden Persönlichkeiten – die nicht von schlechten Eltern waren – noch stärker gewachsen. Und wir haben innerhalb von EVA & ADELE ein Maximum an Freiheit in unserer Liebesbeziehung, und auch in unserem Arbeitsprozess. Ich glaube, dass wir nicht EVA & ADELE sein könnten, wenn wir nicht das Maximum an Kraft in EVA & ADELE reingeben könnten. Das heisst, dass wir zwar die sogenannte individuelle Freiheit aufgeben – aber das stimmt nicht, denn die wird stärker und höher.

Simone: Aber wie geht das dann, schaltet man das ich einfach aus?

Adele: Das ist ganz einfach, je intensiver unsere Zusammenarbeit wurde, desto mehr hat sich die eigene Persönlichkeit entwickelt.  Ich denke, das „Ich“ ist sehr viel stärker geworden, aber es existiert dennoch nicht mehr. Es existiert das „Wir“. Es ist wichtig, dass die eigene Meinung, die Persönlichkeit komplett da ist. Wir denken im „Wir. Die Eva sagt immer so nett „Ich hab immer das Gefühl, dass mir die Adele auf der Schulter sitzt.“ Und ich denke immer, „Was würde Eva jetzt sagen?“ Wir fällen die eigenen Entscheidungen, aber wir inkludieren immer die Andere.

Simone: Was ist Glück?

Adele: Glück ist was wunderbares, man muss Glück haben, Glück ist ein Geschenk, vielleicht gibt es sogar einen Weg zum Glück.
Eva: Ich kann mich nur anschliessen. Für das Glück ist man selbst zuständig; man muss sehr aufpassen, das Glück ist ein Gast, der gerne kommt, und sehr schnell geht, wenn man nicht aufpasst.  Bezüglich auf unserer Kunst, wenn wir ein Werk abschliessen, und wir das Gefühl haben, es ist gut, dann ist da ein Gefühl des Glücks.
Adele: Ich finde es ist auch ein Glück, wenn man morgens aufwacht, und da liegt jemand neben einem, die man anlächelt,und das Lächeln wird erwidert.

EVA&ADELE Musée d'Art Moderne de Paris

EVA&ADELE Musée d’Art Moderne de Paris